Mali-Suède : Bamako rétorque et réaffirme la valeur inestimable de ses soldats face à la suspension de l'aide
Le Mali riposte fermement à la suspension de l'aide suédoise en réaffirmant la valeur inestimable de ses soldats, marquant une nouvelle escalade dans les tensions diplomatiques.

Le vendredi 9 août 2024, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a réagi fermement à la décision de la Suède de suspendre son aide au développement au Mali. Cette décision, annoncée par le ministre des Affaires étrangères suédois, Johan Forssell, survient en réponse à la rupture des relations diplomatiques entre Bamako et Kiev, une démarche interprétée par Stockholm comme un soutien à la Russie dans le conflit en Ukraine. Cependant, pour le Mali, cette rupture est motivée par des raisons de sécurité nationale, notamment les accusations portées contre l'Ukraine de soutenir des groupes terroristes actifs sur le territoire malien.
La réponse malienne : Un rejet catégorique de la pression occidentale
Dans un communiqué publié vendredi, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a déclaré que « la vie de ses vaillants soldats et la sécurité de la nation ont une valeur inestimable, bien au-delà de toute aide au développement ». Cette déclaration souligne la priorité accordée par le gouvernement malien à la défense de sa souveraineté et de l'intégrité territoriale face à des menaces qu'il juge existentielles.
Le ministre Diop a également annoncé l'expulsion de l'ambassadrice de Suède à Bamako, Kristina Kühnel, dans un délai de 72 heures, marquant ainsi une nouvelle escalade dans les tensions diplomatiques entre les deux nations.
Contexte de la rupture diplomatique avec l'Ukraine
La décision de Bamako de rompre ses relations diplomatiques avec l'Ukraine remonte à la fin du mois de juillet, lorsque le Mali a accusé Kiev d'avoir soutenu des groupes terroristes responsables d'attaques meurtrières contre l'armée malienne. Ces attaques, survenues dans un contexte déjà tendu, ont poussé le gouvernement malien à reconsidérer ses alliances et à prendre ses distances avec l'Ukraine.
Pour le Mali, cette rupture est une question de sécurité nationale. Abdoulaye Diop a souligné que « le ministre Forssell, qui tente désespérément de disculper les autorités ukrainiennes, soutien du terrorisme international, est incapable d’avoir la moindre compassion pour le Mali et les victimes de cette agression ukrainienne ». Cette déclaration reflète l'amertume de Bamako face à ce qu'il perçoit comme une incompréhension de ses priorités par certains pays occidentaux.
Les enjeux diplomatiques pour le Mali
Cette série d'événements s'inscrit dans un contexte plus large de réorientation des alliances diplomatiques du Mali. Depuis le retrait progressif des forces françaises et européennes du pays, Bamako a intensifié sa coopération avec la Russie, un partenaire que le gouvernement malien considère comme crucial dans sa lutte contre le terrorisme. Cette collaboration a été mal perçue par plusieurs pays occidentaux, dont la Suède, qui y voient un alignement stratégique avec Moscou.
Abdoulaye Diop a fermement rejeté ce qu'il a décrit comme une attitude condescendante de certains pays occidentaux, rappelant que « le gouvernement réitère sa détermination à défendre la souveraineté et les intérêts du Mali, malgré des pressions et des manœuvres diplomatiques extérieures ». Le ministre a insisté sur le fait que les choix du Mali en matière de politique étrangère sont guidés par la nécessité de protéger ses citoyens et de préserver la stabilité du pays, et non par une quelconque soumission aux injonctions étrangères.
Une rupture qui s'inscrit dans une tendance globale
La rupture des relations diplomatiques avec l'Ukraine et la détérioration des relations avec la Suède s'inscrivent dans une tendance plus large où le Mali, comme d'autres pays africains, cherche à affirmer son indépendance sur la scène internationale. Ce désir d'autonomie se manifeste par une reconfiguration des partenariats stratégiques, souvent au détriment des anciennes puissances coloniales ou des pays occidentaux qui étaient autrefois des alliés proches.
Cette réorientation pourrait entraîner des conséquences économiques significatives, notamment en termes de suspension de l'aide au développement, comme l'a décidé la Suède. Toutefois, le gouvernement malien semble prêt à assumer ces conséquences au nom de ce qu'il perçoit comme un impératif de sécurité nationale.
Conclusion : Un Mali déterminé à tracer sa propre voie
En rejetant l'aide suédoise et en prenant des mesures drastiques contre ce qu'il considère comme des ingérences étrangères, le Mali envoie un message clair à la communauté internationale : la souveraineté du pays et la sécurité de ses citoyens priment sur toute autre considération. Cette position, bien que controversée, reflète une volonté affirmée de Bamako de tracer sa propre voie, indépendamment des pressions extérieures.
Alors que les tensions continuent de monter entre le Mali et certains de ses anciens partenaires occidentaux, il reste à voir comment ces développements affecteront la stabilité du pays et les relations internationales dans la région. Une chose est certaine : le Mali est déterminé à défendre ses intérêts, même au prix de la rupture avec des partenaires de longue date.