Or Africain: La Sombre Route du Métal Précieux vers les Émirats Arabes Unis

Un nouveau rapport de SwissAid expose un commerce illégal massif d'or africain, avec 2 569 tonnes exportées illicitement vers les Émirats Arabes Unis entre 2012 et 2022. Explorez les détails et les implications économiques de cette contrebande sur les pays africains.

Or Africain: La Sombre Route du Métal Précieux vers les Émirats Arabes Unis

Une récente étude menée par SwissAid, une ONG basée à Berne, Suisse, a révélé une vérité alarmante sur le commerce de l'or africain. Entre 2012 et 2022, près de 2 569 tonnes d'or, d'une valeur nominale de 115,3 milliards de dollars, ont été illicitement exportées vers les Émirats Arabes Unis (EAU). Ce rapport, intitulé “Sur la piste de l'or africain – quantifier la production et le commerce afin de lutter contre les flux illicites”, met en lumière la disparité frappante entre les quantités d'or déclarées par les pays africains et celles enregistrées par les pays importateurs, avec les EAU en tête de liste.

La recherche montre que, pour l'année 2022 seulement, l'or déclaré par les exportateurs africains ne représentait que 43,5% de ce que les EAU ont rapporté avoir importé. Ce gigantesque écart de 405 tonnes d'or non comptabilisé souligne l'ampleur de la contrebande, avec plus d'une tonne d'or transférée chaque jour dans l'opacité la plus totale. Cette situation est facilitée par la faible régulation de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE), prédominante dans des pays comme le Mali, le Ghana et la Guinée, qui figurent parmi les principaux fournisseurs d'or de contrebande pour les EAU.

L'étude indique également que l'or de contrebande bénéficie d'un environnement propice du fait de la prolifération de l'EMAPE et de l'absence quasi totale de contrôle. En effet, entre 80 et 85% de la production d'or est exportée de manière frauduleuse vers l'Asie, alors que l'or industriel est principalement exporté en Afrique du Sud. SwissAid a noté que 15 des 54 pays africains produisent de l'or de manière artisanale, sans toutefois en déclarer officiellement la production.

Le ministère émirati des Affaires étrangères a réagi au rapport en déclarant avoir pris des mesures significatives pour répondre aux préoccupations liées à la contrebande d'or. Néanmoins, les données montrent que beaucoup reste à faire pour endiguer ce fléau qui non seulement prive les pays africains de ressources précieuses mais contribue également à des réseaux criminels et à des conflits financés par ces activités illicites.

Les implications de ce commerce illicite sont vastes, touchant des domaines aussi variés que l'économie, la sécurité et le développement durable des nations africaines. La lutte contre ce phénomène nécessite une collaboration renforcée entre les nations africaines et les pays importateurs, ainsi que des efforts concertés pour améliorer la transparence et le contrôle des activités minières sur le continent.