Macron et l'avenir du Sahel : Un an après, le Burkina Faso, le Mali et le Niger défient les prédictions françaises
Un an après la déclaration de Macron affirmant que le Sahel disparaîtrait sans l'intervention française, le Burkina Faso, le Mali et le Niger restent unis au sein de l'Alliance des États du Sahel. Découvrez comment ces pays défient les prédictions.

Il y a un an, le 23 août 2023, le président français Emmanuel Macron faisait une déclaration qui allait marquer les relations entre la France et les pays du Sahel. Dans une interview accordée au journal Le Point, le chef de l'État français affirmait que sans l'intervention militaire française, les nations aujourd'hui regroupées au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES) – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – n'existeraient plus. Cette déclaration, tout en soulignant le rôle déterminant de la France dans la lutte contre le terrorisme, avait également suscité des réactions mitigées, à la fois en Afrique et au sein de la communauté internationale.
Une déclaration controversée
Lors de cet entretien, Emmanuel Macron avait souligné l'importance de l'engagement militaire français en Afrique de l'Ouest, notamment à travers les opérations Serval et Barkhane, lancées respectivement en 2013 et 2014. Selon lui, ces interventions avaient permis de prévenir la disparition des États du Sahel face à la menace djihadiste. "Si nous ne nous étions pas engagés, avec les opérations Serval puis Barkhane, il n’y aurait, sans doute, plus de Mali, plus de Burkina Faso, je ne suis même pas sûr qu’il y aurait encore le Niger", avait-il déclaré.
Ces propos, bien que reflétant la vision française de son rôle en Afrique, ont été perçus par certains comme une forme de paternalisme, voire une tentative de minimiser la souveraineté et la résilience des États africains concernés. Pour d'autres, ils mettaient en lumière une vérité amère : sans l'intervention internationale, la situation sécuritaire dans ces pays aurait pu être encore plus catastrophique.
Le rôle des opérations françaises dans la lutte contre le terrorisme
Les opérations militaires françaises ont effectivement joué un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. L'opération Serval, lancée en janvier 2013, avait pour objectif de stopper l'avancée des groupes djihadistes vers le sud du Mali et de reconquérir les territoires occupés. Elle fut rapidement suivie par l'opération Barkhane, qui élargit l'engagement français à l'ensemble de la région du Sahel, en coopération avec les forces armées des pays concernés.
Ces interventions ont permis de contenir temporairement la menace terroriste et de stabiliser certaines zones, tout en empêchant l'émergence de califats djihadistes à proximité des frontières européennes. Toutefois, malgré ces succès initiaux, la situation au Sahel reste complexe, avec une recrudescence des attaques terroristes et une instabilité politique persistante, comme en témoignent les récents coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Une relation en mutation
Depuis cette déclaration, les relations entre la France et les pays du Sahel ont évolué de manière significative. L'année 2023 a été marquée par un désengagement progressif de la France dans la région, notamment après le retrait de ses troupes du Mali en août 2022, puis du Burkina Faso et du Niger en 2023. Ce retrait a été en partie motivé par la montée du sentiment anti-français dans ces pays, où une partie de la population et des élites politiques reproche à la France de ne pas avoir réussi à éradiquer le terrorisme et de maintenir une influence néocoloniale.
En réaction, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont cherché à renforcer leur coopération régionale, créant en septembre 2023 l'Alliance des États du Sahel (AES), une entité visant à coordonner leurs efforts sécuritaires et à réduire leur dépendance vis-à-vis des puissances extérieures. Cette alliance, bien que récente, reflète une volonté croissante de ces pays de prendre en main leur propre sécurité et de définir une voie indépendante, loin des ingérences étrangères.
Un avenir incertain, mais une souveraineté affirmée
Un an après les déclarations de Macron, l'AES reste debout et continue de se battre pour sa survie face à des défis immenses. Les pays membres de l'Alliance doivent non seulement faire face à la menace terroriste persistante, mais aussi à des crises économiques, politiques et humanitaires qui menacent leur stabilité. Cependant, leur détermination à maintenir leur souveraineté et à construire des solutions régionales est plus forte que jamais.
La prédiction de Macron sur la disparition possible de ces États, bien qu'exagérée aux yeux de beaucoup, a mis en lumière la fragilité de la situation au Sahel. Elle a également renforcé la conviction des dirigeants de l'AES que l'avenir de leurs pays ne doit plus être dicté par des puissances extérieures, mais par une coopération régionale renforcée et une prise de contrôle de leur propre destin.
Conclusion
La déclaration du président français Emmanuel Macron en août 2023, bien qu'alarmante, a servi de catalyseur pour une introspection collective au sein des États du Sahel. Aujourd'hui, malgré les défis colossaux auxquels ils sont confrontés, le Burkina Faso, le Mali et le Niger restent unis dans leur quête de sécurité et de souveraineté. L'Alliance des États du Sahel, née dans un contexte de désengagement international, symbolise cette volonté de se réapproprier leur destin, tout en affirmant que la survie de ces nations repose avant tout sur leur propre résilience et leur capacité à coopérer.