Uranium au Niger : La Somaïr d'Orano en Crise Financière Face à la Suspension des Exportations

Découvrez comment la Somaïr, filiale d'Orano au Niger, est plongée dans une crise financière majeure suite à l'arrêt des exportations d'uranium. Analyse des enjeux économiques et politiques.

Uranium au Niger : La Somaïr d'Orano en Crise Financière Face à la Suspension des Exportations

La situation de la Somaïr, filiale nigérienne d'Orano, est des plus préoccupantes. Le minerai d'uranium, source de nombreuses convoitises et enjeu stratégique majeur, est au cœur d'une crise financière sans précédent. La fermeture des frontières et la suspension des exportations ont plongé cette entreprise dans une situation critique. Retour sur une crise qui menace l'avenir d'une entreprise clé pour l'économie nigérienne.

Une crise d'exportation qui paralyse l'entreprise

La Somaïr, dont Orano détient 64% des parts, est actuellement incapable d'exporter sa production d'uranium. En effet, depuis la fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin il y a un an, l'acheminement du minerai vers le Port de Cotonou, principal point de sortie, est à l'arrêt. Ce corridor terrestre était vital pour l'exportation du minerai vers les différents clients internationaux de l'entreprise.

Des solutions alternatives ignorées

Face à cette impasse, Orano a proposé des solutions alternatives aux autorités nigériennes, telles que le transport aérien vers la France ou la Namibie. Cependant, ces propositions n'ont pas reçu de réponse officielle, laissant l'entreprise dans une situation de blocage. Selon les responsables d'Orano, 750 tonnes de minerai, représentant plus de la moitié de la production annuelle, sont actuellement stockées sans possibilité d'être vendues.

Des conséquences financières dramatiques

L'impossibilité d'écouler le minerai a des répercussions financières majeures pour la Somaïr. L'entreprise peine à maintenir le paiement des salaires de ses 1 400 employés et à assurer l'entretien de ses infrastructures industrielles. Pour pallier cette situation, la Somaïr puise dans ses réserves financières, initialement destinées à la remise en état du site après la fin de l'exploitation. Cependant, cette solution n'est viable que pour quelques mois, au risque de devoir prendre des « mesures sociales » drastiques.

Une chaîne d'approvisionnement perturbée

La crise ne s'arrête pas là. L'approvisionnement en réactifs nécessaires au traitement du minerai dans l'usine de la Somaïr est également compromis. Les difficultés logistiques exacerbent les problèmes financiers et techniques, menaçant ainsi la continuité des opérations de l'entreprise.

Un contexte politique tendu

La situation de la Somaïr s'inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu. Les autorités nigériennes ont récemment retiré deux permis d'extraction d'uranium, l'un à Orano et l'autre à la société canadienne Goviex. Ces décisions interviennent alors que le Niger subit les conséquences des sanctions imposées par la CEDEAO suite au coup d'État. Parallèlement, les autorités doivent gérer la pression croissante de la société civile, qui attend des retombées économiques du secteur minier. Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) affiche sa volonté de reprendre en main ce secteur clé, mettant en avant des aspirations de « souveraineté nationale » sur les ressources minières du pays.

Perspectives et enjeux futurs

La situation critique de la Somaïr pose des questions cruciales pour l'avenir de l'industrie de l'uranium au Niger. L'incapacité à exporter le minerai et les défis financiers qui en découlent pourraient avoir des répercussions à long terme sur l'économie nationale et la stabilité sociale. Les autorités nigériennes devront trouver un équilibre entre les aspirations de souveraineté nationale et la nécessité de maintenir des partenariats internationaux pour assurer la viabilité de ce secteur stratégique.

Conclusion

La crise que traverse la Somaïr est le reflet des défis complexes auxquels le secteur de l'uranium au Niger est confronté. Entre impératifs économiques, tensions politiques et aspirations de souveraineté, l'avenir de l'industrie minière nigérienne dépendra de la capacité des acteurs à trouver des solutions viables et durables. Il est impératif que les autorités nigériennes et les partenaires internationaux collaborent étroitement pour surmonter cette crise et garantir un avenir stable et prospère pour l'industrie de l'uranium au Niger.