Le mystère de Kpo-Kahankro : malédiction ou contamination ?

Dans le village de Kpo-Kahankro, en Côte d'Ivoire, une série de décès mystérieux d'enfants a semé la panique et divisé les habitants. Alors que les autorités locales ont évoqué une contamination bactérienne liée à un fétiche, de nombreux villageois persistent dans leur croyance à une malédiction. Les efforts de résolution de la crise, impliquant des interventions gouvernementales et une condamnation pour charlatanisme, ont été entravés par les clivages culturels et la complexité des causes de l'épidémie.

Le mystère de Kpo-Kahankro : malédiction ou contamination ?

Au centre de la Côte d'Ivoire, dans le village de Kpo-Kahankro, une vingtaine d'enfants sont morts subitement au cours des deux derniers mois. Alors que les habitants du village sont partagés entre croyances mystiques et contamination bactérienne, l'inquiétude est palpable. Les enfants décédés ont présenté des symptômes tels que des vomissements, des raidissements et des yeux révulsés avant de mourir en quelques heures. Les autorités du village ont conclu à une contamination au clostridium, une bactérie qui a été trouvée sur un fétiche, mais les villageois ne sont pas convaincus de cette explication et certains continuent de croire à la thèse du fétiche.

Le fétiche en question, un objet supposé posséder des pouvoirs mystérieux, est détenu par un notable du village, François Kouame Kouadio, qui est désigné par les habitants comme étant à l'origine de la malédiction qui a frappé le village. En conséquence, M. Kouadio et le "féticheur" accusé d'avoir installé l'objet ont été condamnés à cinq ans de prison pour des "faits de charlatanisme et troubles à l'ordre public" par le tribunal de Bouaké.

Les membres du gouvernement sont intervenus à plusieurs reprises dans le village pour aider à résoudre la crise. Le fétiche a été déterré début février et des autopsies ont été pratiquées sur certains corps qui n'ont pas encore été remis à leurs familles. Joseph Bénié Bi Vroh, directeur de l'Institut national de l'hygiène publique, a expliqué que la propagation de la bactérie au clostridium était due à une contamination croisée, dans laquelle un enfant peut avoir été contaminé par la bactérie en mettant ses mains à sa bouche après avoir touché un objet qui avait été contaminé auparavant.

Les villageois sont encore sous le choc et ne sont pas convaincus de l'explication de la contamination bactérienne. Certains continuent de croire que le fétiche est responsable de la mort des enfants. En attendant, le village, qui avait été évacué par la plupart de ses habitants et dont l'école avait fermé, se repeuple peu à peu. L'eau courante, coupée pendant plusieurs jours pour effectuer des analyses complémentaires, a été rétablie et le fétiche a été déplacé hors du village la semaine dernière.