La crise de Covid en Chine met le système de santé à rude épreuve

À l'hôpital de l'université médicale de Tianjin, en Chine du Nord, les patients malades se pressent dans chaque recoin de l'unité de soins urgents. Ils se faufilent entre les portes de l'ascenseur et encerclent un détecteur de métaux inactif. Ils s'alignent le long des murs d'un couloir résonnant de toux. Les hôpitaux chinois étaient déjà surchargés, sous-financés et insuffisamment dotés en personnel en temps normal. Mais maintenant, avec la propagation de Covid en Chine pour la première fois, le système médical est mis à rude épreuve.

Les scènes de désespoir et de misère de l'hôpital de l'université médicale de Tianjin, capturées dans l'un des nombreux vidéos examinées par The New York Times, reflètent la crise grandissante. Même si les cas de Covid augmentent, les travailleurs de santé en première ligne luttent également contre les infections rampantes au sein de leurs propres rangs. Tellement de personnes ont été testées positives au virus dans certains hôpitaux que les rares restantes disent qu'elles sont obligées de faire le travail de cinq ou plus de leurs collègues. Pour s'assurer qu'il y a suffisamment de membres du personnel sur place, certaines structures ont abandonné l'exigence de tests pour les médecins et les infirmières avant le travail. Une médecin de la ville centrale de Wuhan a déclaré que le personnel de son hôpital avait été tellement réduit que le neurochirurgien de son service avait dû effectuer deux opérations en une journée tout en luttant contre les symptômes de Covid. «L'hôpital fonctionnait au bord du gouffre», a déclaré la médecin, le Dr Judy Pu, dont le service compte normalement 10 à 15 infirmières et était réduit à seulement une paire. "Environ 80 à 90% des personnes autour de moi ont été infectées."

La Chine a été le premier pays à connaître la panique de Covid lorsqu'elle a émergé de Wuhan en 2019. Depuis, pendant trois ans, le pays a largement réprimé le virus grâce à un mélange coûteux de tests de masse, de verrouillages stricts et de fermetures de frontières. Le gouvernement aurait pu utiliser ce temps pour renforcer son système de santé en stockant des médicaments et en construisant davantage d'unités de soins critiques. Il aurait pu lancer une campagnes de vaccination majeure ciblant les millions de personnes âgées vulnérables qui hésitaient à recevoir une piqûre ou un rappel. Cependant, la Chine n'a fait que peu de cela, plongeant à nouveau en mode crise comme au début de Wuhan.

L'ampleur réelle de l'urgence sanitaire en Chine est difficile à évaluer, en grande partie parce que le gouvernement a abandonné les tests de masse après avoir brutalement levé les mesures de "zéro Covid" strictes du pays. Les niveaux insuffisants de vaccination et l'absence d'immunité collective en Chine ont suscité des craintes que les bilans de décès pourraient atteindre ceux observés plus tôt dans la pandémie aux États-Unis, en Europe occidentale et, plus récemment, à Hong Kong. Des données publiées récemment par les autorités locales semblent confirmer que le virus sévit, avec des rapports de plusieurs villes et provinces de centaines de milliers d'infections enregistrées quotidiennement. Des questions subsistent également sur le nombre de décès liés à Covid que la Chine rapporte car les officiels ne comptent que ceux qui meurent d'une insuffisance respiratoire directement liée à une infection par Covid. Officiellement, sept personnes sont décédées du virus depuis la levée des règles de pandémie le 7 décembre, un chiffre qui contredit les nombreuses preuves anecdotiques provenant de tout le pays - des files de corbillards à l'extérieur d'un crématorium à Pékin aux débordements de sacs à corps jaunes dans certaines maisons funéraires. Un hôpital de Shanghai a prédit que la moitié des 25 millions d'habitants de Shanghai seraient finalement infectés et a mis en garde son personnel contre une "bataille tragique" dans les semaines à venir, selon une déclaration maintenant supprimée que l'hôpital a publiée la semaine dernière sur la plateforme de médias sociaux WeChat.

"Dans cette bataille tragique, tout Shanghai tombera et tout le personnel de l'hôpital sera infecté! Nos familles entières seront infectées! Tous nos patients seront infectés! " a déclaré la déclaration. "Nous n'avons pas le choix et nous ne pouvons pas échapper." Le personnel est tellement épuisé dans certains hôpitaux que des médecins à la retraite sont invités à retourner travailler. Des médecins et des infirmières sont rapportés être tirés de la province orientale de Shandong pour aider dans les régions les plus touchées.